Terres Éphémères – IV

Encadrement familial suite et fin

Système d'accroche

J’avais le choix entre deux possibilités : fixer deux crochets dentelés sur la baguette supérieure ou utiliser des attaches collées derrière un carton épais également collé grâce à de la colle miroir, très forte et résistante.

Si la mise en place des crochets est plus simple, elle nécessite que la baguette soit assez épaisse, surtout sur les grands cadres, pour supporter le poids de l’ensemble. De plus la fixation sur un mur nécessite ensuite deux crochets, de niveau et assez petits pour qu’ils ne dépassent pas de la baguette (celle que j’ai choisie fait seulement 1,5 cm).

L’ensemble cartonné est un peu plus long et délicat à réaliser mais discret et très pratique lors de l’accroche sur un mur. C’est également ce que me conseille papa. Nous partons donc sur cette solution même si j’avoue que j’ai un doute, totalement irrationnel, quand à la fiabilité du résultat (solidité attaches-carton-colle-verre).

L'ensemble cartonné est un peu plus long et délicat à réaliser mais discret et très pratique lors de l'accrochage sur un mur

Nettoyage des verres

Voilà bien un poste que j’avais sous-estimé ! Autant il est facile de cliquer sur le bouton commander du site web du labo et de réceptionner les grands tirages, autant il faut aborder la phase « fabrication » pour prendre la pleine mesure de ce que leur taille implique (ainsi que la présentation choisie).

Pour vous donner une idée : le plus grand cadre fait 80×120 cm, 2 verres donc 4 faces soit un peu moins de 4 m² à nettoyer impeccablement !

Si les Artglass sont assez faciles à nettoyer car ils sont sortis du carton il y a peu, le verre utilisé pour les dos a été stocké pendant des années par papa… Et s’il n’a pas besoin d’être nettoyé ni aussi proprement ni sur toute sa surface certaines tâches tenaces me donnent du fil à retordre…

Je perds parfois patience et en oublie la prudence de mise quand on nettoie des surfaces par endroit très tranchantes !

On frotte, on frotte
Parfois on s'énerve
Aïe
Et de deux 🙁

Je perds parfois patience et en oublie la prudence de mise quand on nettoie des surfaces par endroit très tranchantes !

Inspection des tirages, retouches et signature

Une fois que les verres sont prêts, c’est le moment de sortir le tirage à encadrer, de vérifier les éventuels défauts, de le numéroter et de le signer au dos.

C’est une phase très délicate où tout doit se faire avec les gants pour ne pas abimer l’image dans sa superbe livrée mate. Il faut également aller assez vite pour limiter le dépôt de nouvelles poussières sur les verres propres et le tirage.

C’est à chaque fois le même plaisir de découvrir les grands-formats, restés protégés dans leur cocon d’origine jusqu’au dernier moment. Une excitation cependant mêlée d’appréhension car la probabilité qu’il y ait des défauts augmente avec la taille des impressions. Quand cela arrive je tente de retoucher si c’est possible. Un point de feutre noir au PH neutre peut par exemple faire l’affaire sur les zones très sombres. Sinon il faut décider si c’est acceptable ou si je vois avec le labo, Impression Panoramique.

Au final les défauts constatés n’étant pas très importants, j’ai décidé de ne rien renvoyer et de garder en tête que la perfection n’est pas de ce monde…

Découverte et inspection
Masquage des défauts si possible
Numérotation et signature

Alignement et fixation du tirage, mise sous verre

Pour fixer le tirage entre les deux verres, il faut le fixer avec des morceaux de double-face. Je me demandais comment on pouvait bien procéder à un alignement précis du premier coup ?

La technique enseignée par papa est en fait la suivante :
  • On marque des repères au dos du verre arrière
  • On retourne le verre
  • On positionne le tirage sur les repères avec un peu de poids dessus
  • On vérifie l’alignement
  • Une personne maintient le tirage et soulève délicatement la partie basse
  • Une autre personne vient coller des bandes de double-face
  • On repose le tirage sur le double-face
  • On recommence avec la partie haute
C’est simple, efficace, rassurant…

Positionnement et fixation du tirage sur le verre de dos à l'aide de double-face

Une fois positionné, un dernier coup de soufflette sur le verre de face pour chasser les éventuelles poussières entrainées par la gravité et c’est l’heure de l’inspection finale avant fermeture définitive !

C’est un moment un peu stressant car une fois l’ensemble clos ce sera très compliqué voir impossible de faire marche arrière… Toutes les paires d’yeux sont les bienvenues pour repérer les éventuelles anomalies. Enfin surtout celles qui voient encore bien de près. Merci fiston 🙂

Là encore j’ai dû prendre sur moi et accepter que des poussières subsistes. Impossible d’y échapper ! Il faudrait travailler en environnement stérile…
On fait de notre mieux pour ne rien laisser passer de visible mais c’est très difficile. D’autant qu’il ne faut pas trop bouger le verre de face qui risque à force d’abimer le tirage. En plus quand on soulève la plaque, cela fait un appel d’air qui aspire parfois de nouvelles poussières. Comme dit papa dans ces cas là : « Le mieux est parfois l’ennemi du bien ».

Paquet, agrafage des réhausses, collage de la fixation au dos

Quand enfin je décide que « c’est bon pour moi ! » tout le monde pousse un soupir de soulagement (merci papa pour ta patience !). Nous maintenons l’ensemble à l’aide de pinces puissantes.

On peut procéder au « paquet » c’est à dire à rendre l’ensemble « étanche » aux insectes à l’aide de bandes de papier kraft dont la colle biologique s’active au mouillage. La justesse du mouillage étant cruciale pour le bon déroulement de l’opération.

Pour une raison que j’ignore c’est une étape que j’ai eu beaucoup de plaisir à exécuter…

Mouillage à l'éponge
Pose de la bande collante
Transmission du savoir faire dans la joie !

Fabrication du "paquet"

On peut ensuite placer l’ensemble dans le cadre des baguettes et positionner les réhausses, peintes de la même couleur que les baguettes, sur un mince filet de colle tiré sur la feuillure.

Direction la salle des machines pour la dernière étape délicate : l’agrafage des réhausses sur les baguettes.

Il s’agit de fixer définitivement ces minces tiges de bois, qui maintiennent l’ensemble verres-tirage à l’intérieur des baguettes grâce à agrafeuse pneumatique qui envoie des agrafes longues de 6 mm. L’angle est crucial : si l’agrafe part dans le verre c’est la casse assurée !

Pour cette étape je me dégonfle et préfère laisser faire le professionnel. Cependant sa vue s’est malheureusement très dégradée ces dernières années. L’opération s’avère difficile, en particulier sur les baguettes noires. Pour ne pas ajouter de stress au stress, je ne filme ni n’assiste pas à ça. Je laisse l’artisan se concentrer.

Globalement ça se passe très bien même si c’est parfois très très chaud.

L'agrafage des réhausses se passe bien même si c'est parfois très très chaud...
Ici par exemple on a frôlé la catastrophe (l'agrafe devrait être sur la tranche supérieure de la réhausse, cachée sous le kraft, légèrement inclinée vers le bas). Là elle est passée à 1 mm environ du verre !

De retour de la salle des machines on peut vraiment souffler. Le plus dur est fait !

Reste à coller du kraft sur le plat formé par la baguette et la réhausse pour une belle finition puis à coller le système d’accroche carton plus fixations déjà préparé.

On place ensuite du poids sur le carton pour laisser la colle prendre et sécher.

Voilà le cadre est terminé ! Ne restera plus qu’un bon nettoyage à effectuer.

J’ai estimé qu’il faut entre 4 et 5 h de travail par pièce. Nous en avons réalisé 20 !

Il est temps de ranger et de se pencher sur la question du transport

Atelier séchage. Il faut un peu de place au sol !
La table de travail paraissait trop grande !
On peut enfin admirer le résultat !
La plus grande pièce : 120x80 cm

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